Dans le monde du textile, avec 3,2% du marché mondial, l’Inde est le 5e exportateur de produits finis après la Chine (37% du marché mondial), l’Union Européenne (28%), le Bangladesh (4,5%) et la Turquie (3,6%).
Juliette Binoche a découvert l’Inde il y a plus de 20 ans lors de missions humanitaires. En 2005, elle crée avec une associée la marque de vêtements pour enfants de 3 mois à 12 ans, Anoop & Léontine, puis en 2008, une agence de sourcing textile. Elle a ensuite laissé de côté le textile pour rejoindre Tempting Places, un réseau de boutique hôtels unique dans le monde entier. Elle a maintenant rejoint B.B Conseil, une agence de communication de haut de gamme.
Pourquoi tenter l’aventure textile en Inde ?
« Les Indiens savent faire de très belles choses. Ils ont un savoir-faire manuel extraordinaire. Ils sont capables de développer de magnifiques broderies sur mesure, mais aussi des peintures, des sculptures… tout ce qui touche à l’art. Beaucoup de marques produisent là-bas, car les Indiens parviennent à avoir un très bon rapport qualité-prix… même si les prix ne sont plus aussi bas qu’avant».
En Inde, tout est possible « leur point fort est le sur-mesure : on peut faire développer ses propres motifs, ses propres broderies. Le choix et la qualité des matières, qu’il s’agisse de tissus, de perles, strass… est impressionnant ».
Last but not least, les Indiens sont très faciles d’accès, « on s’entend facilement avec eux. Même s’il y a des divergences sur un sujet ou un autre, c’est très facile de bien s’entendre avec eux. »
A quoi faut-il faire particulièrement attention ?
En Inde, tout est possible, le pire comme le meilleur. Pour Juliette, il faut s’assurer au tout début de la production que toutes les exigences de départ seront respectées. « Les Indiens manquent parfois un peu de précision. Dans le domaine de l’habillement, il faut donc être extrêmement rigoureux dans la validation des bons à tirer ou des prototypes, car votre interlocuteur ne verra pas de problèmes à livrer un produit avec une teinte de couleur différente… mais qui se rapproche de ce que vous avez demandé. De même, la taille, la coupe peuvent avoir été mal développées au départ et ne pas respecter exactement le prototype. Il faut donc être très attentif dès le début ».
Attention aussi aux délais, pas tant en termes de production que de transports. Les infrastructures laissent à désirer et le transport coûte cher. « Souvent nous utilisons l’avion, car le textile n’aime pas l’humidité des cales de bateaux. Et par mer, il faut compter 3 à 4 mois de délai, c’est impensable dans l’habillement. »
La mousson a aussi influencé sa manière de travailler. Avec l’humidité, les tissus imprimés ne séchaient pas correctement, ce qui entraînait de larges différences entre le prototype et la pièce de production. Elle a donc pris l‘habitude de travailler avec deux usines, situées dans des endroits différents, pour limiter les effets de la mousson.
Des conseils pour produire en Inde ?
Qui veut travailler avec l’Inde doit avoir des collaborateurs de confiance sur place pour s’assurer que tout se passe bien. Sinon, il est impératif de faire régulièrement le voyage afin de surveiller le bon déroulement de la production.
Certains organismes de certification, comme Veritas proposent également des contrôles spécifiques. Tout est alors question de moyens : plus on paie et meilleur est le contrôle.
Quid de l’éthique ?
Après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, le 24 avril 2013, qui a provoqué la mort de plus de 1100 ouvriers du textiles, qu’en est-il de l’éthique dans la production textile? « Nous traitons avec des fabricants qui assurent de bonnes conditions de travail à leurs ouvriers. C’est non seulement éthique mais c’est aussi le moyen d’avoir des produits de qualité. »