Le French Tech Ticket, c’est d’abord une opportunité en or pour les startups du monde entier. Et les entrepreneurs indiens l’ont bien compris. Pour sa première édition 2015-2016, sur les 723 candidatures reçues, l’Inde était le premier pays représenté, loin devant les États-Unis, le Brésil avec 82 candidatures. Sur les 23 start-up lauréates, 2 sont indiennes et accueillies dans l’un des incubateurs parisiens participants.
Pour l’édition 2016-2017, les 70 lauréats seront répartis dans 41 incubateurs dans toute la France. Là encore, Les candidatures indiennes semblent à nouveau largement représentées. Mais qu’est-ce qui séduit tant les Indiens dans le French Tech Ticket ?
Pourquoi postuler au French Tech Ticket ?
Vues les différences innombrables de marché, de culture, d’habitudes de consommation, de besoins, d’infrastructures, on peut se poser la question.
« Il en est de même pour tous les marchés, tempère Sylvain Biard, Directeur du Bureau de Bombay chez Business France. Et pour tous types d’entreprises. L’idée est, dans le cadre de ce programme, de s’assurer qu’un projet sélectionné dispose de perspectives positives : pertinence marché, coté innovant / novateur de l’offre, personnalité et motivation des fondateurs, etc. Ensuite, il va de soi que des adaptations de technologies / produits / solutions ou de modèles économiques seront nécessaires. »
Pour la France, l’enjeu est d’internationaliser son innovation et son tissu entrepreneurial, suivant une tendance assez répandue en Europe : « Moins de 10% des start-up fondées en France le sont par des entrepreneurs étrangers, quand Paris souhaiterait atteindre 25% d’ici 2020 » explique Sylvain Biard.
Une stratégie efficace confirme Raphael Kyran, fondateur de Dymond Cleantech, l’une des deux start-up indiennes lauréates en 2015. Sans le French Tech Ticket, il n’aurait jamais pensé à travailler en France. « Avant de venir en France, j’étais en Allemagne et c’était difficile de se lancer. Le French Tech Ticket s’est révélé une excellente opportunité. »
Pour Gangadhar Sulkunte, entrepreneur indien qui se partage entre l’Inde, la France et les États-Unis, c’est une excellente opportunité. « Pour les Indiens, participer à un programme bien structuré sur un marché mature est très tentant. Je ne crois pas que cela existe en Inde. Et même si c’était le cas, je pense que les entrepreneurs seraient attirés, ne serait-ce que pour le prestige d’être accélérés dans un incubateur français. »
Un an d’incubation dans l’un des meilleurs écosystèmes pour les start-up ?
Comme le rappelle Sylvain Biard, « il y a dans toute la France plus de 200 incubateurs, privés et publics. Et une capacité d’investissement estimée à 7 milliards €. » Plus d’une centaine de fonds de capital-risque sont actifs et on estime entre 5 000 et 8 000 le nombre de business angels actifs.
Les entrepreneurs sont au rendez-vous : avec près de 10 000 startups réparties sur tout le territoire, la France fait partie du top 5 mondial des écosystèmes de startups technologiques…. Tout comme l’Inde. Le géant du sud asiatique compte plus de 5000 startups.
Pourtant, reconnait Sylvain, instinctivement, les Indiens iraient plus volontiers se faire incuber au sein de la Silicon Valley. Alors qu’est-ce qui les attire vraiment en France ?
Un programme d’accompagnement exceptionnel ?
« La liste des mentors est vraiment TRÈS TRÈS impressionnante » reconnaît Gangadhar. « Même si on vise le marché indien, être accompagné par des mentors comme Xavier Niel (Free) ou Eric Careel (Withings), c’est quelque chose !»
Ce que confirme Raphael Kyran. « Les masterclass sont très utiles pour monter sa startup dans n’importe quel contexte. Et le réseau d’entrepreneurs et de mentors présents est absolument extraordinaire. »
Des incubateurs spécialisés ?
« On trouve en France de nombreuses villes ou pôles d’activités moteurs de l’innovation dans des secteurs tech spécifiques. Paris, par exemple a des incubateurs, des labos de recherche et des universités multi-disciplinaires ; Toulouse, est naturellement en pointe dans l’innovation aérospatiale, tandis que la Bretagne dispose de compétences historiques dans les télécommunications et les médias » explique Sylvain Biard.
Un réseau de professionnels bien formés ?
« Ce programme ouvre de nombreuses portes » ajoute Gangadhar. En particulier dans le domaine de la recherche. La France est connue pour la qualité de ses chercheurs. Un atout pour les entrepreneurs. Ces derniers ont toujours besoin de contacts par exemple pour d’améliorer leur propre technologie. « Est-ce vraiment un hasard si nombre de multinationales (Cisco, Facebook, General Electric, Google, Huawei, Intel Corporation, Microsoft, Nokia, Samsung…) ont ouvert des centres de R&D et Innovation en France ? Et leur importance est croissante. » rappelle Sylvain Biard.
“Personnellement, grâce à mon réseau en France, j’ai pu résoudre de nombreux problèmes, explique Gangadhar. Il m’a aussi permis de recruter un co-fondateur, des employés, des consultants. »
L’accès au marché européen ?
Il existe d’autres avantages par rapport à la Silicon Valley qui séduit tant. Le French Tech Ticket donne accès à un marché moins concurrentiel, moins cher à pénétrer, moins risqué et plus vaste que les Etats Unis. Avec 500 millions de consommateurs, l’Union Européenne est la première économie et le premier marché mondial.
C’est d’ailleurs l’un des points mis en avant par les candidats.
Ce qui ne convainc pas pour autant Gangadhar : “Si j’étais l’un de ces entrepreneurs, je ne penserais pas à me lancer en Europe ou en France juste à cause du French Tech Ticket. »
En effet, les ambitions des start-up lauréates vont bien au-delà. Dymond Cleantech vise notamment les pays émergents et le continent américain.
Et si, finalement, le rapprochement économique entre la France et l’Inde passait par les start-up et l’innovation ? C’est en tout cas l’une des tendances les plus prometteuses du moment.
Plus d’infos : http://www.frenchtechticket.com/