Si vous vous intéressez à l’Inde, il est probable que vous ayez déjà croisé les publications de Media India Group : Inde, India & you, biz@India, Nouvelles de l’Inde… Son fondateur, Ranvir Nayar voulait, au départ, « ouvrir une fenêtre sur l’Inde en Europe ». Aujourd’hui, plusieurs fenêtres se sont ouvertes avec l’embarras du choix et des langues.
Comment est né Media India Group ?
Je suis arrivé en France en 1997 comme journaliste pour une agence de presse indienne. Et très vite, je me suis rendu compte qu’il n’existait aucune information fiable sur l’Inde dans les media français et européens (exception faite du Royaume-Uni). Il y avait peu de reportages dans les journaux. Et la plupart présentaient de vrais clichés sur l’Inde.
J’avais de quoi combler ce manque. Je voulais faire en sorte que les businessmen, les indophiles en France et les francophones en général aient accès à une meilleure information sur l’Inde.
Les premiers titres ont été lancés en 2004. En France car j’habitais à Paris.
Media India Group aujourd’hui ?
Nous avons à la fois des publications BtoB et BtoC. Les contenus des magazines sont très variés. Nous parlons de culture, politique, business, politique, bien-être, tourisme…
En 2006 nous avons lancé une version anglaise, India & you ; en 2007, une version en espagnol Destino La India. Et en 2011, une version en allemand, Indien für Sie. Nous avons lancé également biz@India, seul magazine à 100% dédié au business en Inde. Et chaque fois, nous sommes les seuls sur le marché.
Chaque magazine paraît tous les deux mois. Nous tirons 38 000 exemplaires en français, 30 000 en anglais, 28 000 allemands et 25 000 en espagnol. Et encore faut-il multiplier ces chiffres par 10 pour avoir une idée de notre lectorat total. On calcule que chaque magazine sera lu par 10-11 lecteurs en moyenne.
Nous avons lancé un autre magazine, il y a 5 ans en Inde, India Outbound. Il s’adresse aux touristes indiens qui voyagent hors de l’Inde, un marché en pleine expansion, avec une croissance de 20% par an. On parle parfois du Canada, mais notre focus, c’est l’Europe : France, Allemagne, Irlande…
Quel titre a le plus de succès ?
Je pense que c’est le magazine français. Mais il devrait être bientôt dépassé par la publication allemande. Les relations entre l’Inde et l’Allemagne sont de plus en plus nombreuses : le commerce entre les deux pays est près de trois fois et demie fois plus important qu’entre l’Inde et la France.
Comment évoluent les relations entre l’Inde et la France ?
Depuis 1997, les relations sont à un autre niveau. Mais les problèmes que j’ai vus en 1997 sont toujours là. Le commerce reste focalisé sur les grosses entreprises, et pas du tout au niveau des PME. Les PME indiennes s’orientent vers le Royaume-Uni, les Etats-Unis. Et les PME françaises, elles, sont partout dans le monde sauf en Inde. C’est la plus grande faiblesse.
La force de l’Allemagne, c’est que justement, le business se fait grâce aux PME. Un deal de 5 ou 10 millions d’euros ici ou 50 millions là, cela fonctionne. La France reste focalisée sur les grosses commandes, que ce soit l’achat de Rafale, de sous-marins ou d’Airbus. Quand il n’y a pas de contrats en vue pour le Rafale ou Airbus, on ne parle pas de l’Inde.
Lors de sa visite 2007 en Inde, Nicolas Sarkozy avait fait une déclaration commune avec Manmohan Singh pour multiplier par deux le commerce entre la France et l’Inde en 5 ans. 9 ans plus tard, on est toujours au niveau de 2007.
On entend souvent dire en France que l’Inde est compliquée ?
Ce n’est pas si compliqué de faire des affaires en Inde. D’autres pays ont compris comment fonctionne l’Inde. En revanche, les entreprises françaises n’aiment pas prendre de risques. Et mettent aussi trop de temps à prendre des décisions. D’ailleurs, les Indiens trouvent aussi que c’est difficile de travailler avec la France : il y a trop de règles, c’est très rigide.
Comment s’en sortent les autres pays européens avec l’Inde ?
L’Espagne a pris des parts de marché importantes dans le domaine de la construction, mais ce n’est pas encore très visible. Ils sont arrivés discrètement et maintenant ils sont présents partout : constructions d’autoroutes, d’aéroports, secteur des énergies renouvelables… Pourtant, il y a 10 ans, le commerce entre l’Inde et l’Espagne était très faible. Cette dernière ne devance pas la France en termes de commerce avec l’Inde…. mais il y a un risque pour que cela arrive.
Belgique, Pays-Bas, Italie… La France est devancée par ses voisins en Inde.
Un moyen pour que la France soit plus présente en Inde ?
Pour que la France rattrape son retard, elle doit monter plus de délégations, organiser plus de rencontres, d’évènements entre la France et l’Inde. Elle doit être présente sur tous les grands salons internationaux. Des agences comme Business France, la Chambre de commerce sont nécessaires pour exposer les opportunités. Les évènements internationaux, les foires, les salons sont autant d’occasion permettant aux entreprises indiennes et françaises de se rencontrer, de se connaître et de discuter.
L’Inde a besoin de toutes les connaissances et de savoir faire notamment dans les domaines IT, automobile, agroalimentaire, infrastructures. D’ailleurs Suez, Veolia, Engie sont bien implantées en Inde. Il y a des opportunités en Inde, mais il faut les saisir avant qu’il ne soit trop tard.