Au départ, Vincent Jeannet n’était pas inspiré par l’Inde. Et il voulait travailler dans la mode. Pourtant, depuis 2012, il est à la tête de VJ Sourcing, un bureau de sourcing textile et cuir, situé à Tiruppur (sud de l’Inde) qui met au service de ses clients européens le savoir faire indien.
Vincent Jeannet, de la mode au textile
Le stage qui va tout changer
Titulaire d’un master de l’université de la Mode (Lyon II), Vincent est passionné par les tendances. « C’était ce que je voulais faire ». Pourtant, lorsque l’occasion s’offre de faire un stage dans une usine de textile de Bangalore, à l’issue de ses études, Vincent n’hésite pas : « je ne connaissais pas l’Inde et je ne connaissais rien au textile, à peine une ou deux technique de tissage».
Son passage chez Birdy Exports lui donne accès à cet univers caché. « J’ai tout de suite travaillé avec une équipe d’auditeurs sri lankais en lean management : leur mission était de limiter les pertes de temps, d’énergie, de matières… Bref, d’améliorer les performances de l’entreprise ». Il suit cette équipe de département en département -« Nous interrogions les employés pour avoir leur opinion, connaitre leurs problèmes… »- afin de comprendre le fonctionnement de chaque département, ainsi que celui, global, de l’entreprise.
Une révélation
Enfin presque…. Dans le textile, ce qui compte, c’est la technique. « On rencontre des problèmes à résoudre et toute la question est de comprendre comment faire pour améliorer les choses, améliorer le fonctionnement global, mettre en place de nouveaux systèmes. Il n’y avait pas cette dimension industrielle dans mon travail auparavant et c’est ce qui m’a attiré ».
Une expérience de plus en plus professionnelle
A l’issue de son stage, Vincent est embauché en VIE par le groupe Zannier, l’un des leaders mondiaux du vêtement pour enfant. « Ils ne cherchaient pas tant des connaissances techniques particulières que quelqu’un de très adaptable pour travailler dans ce coin perdu qu’est Tiruppur » admet Vincent.
En tant qu’assistant du directeur Inde du groupe, il participe au management de tout le bureau et est en charge de développer de nouveaux systèmes qualité et le sourcing cuir en Inde du Sud.
L’appel de l’entrepreneuriat
Après le départ du directeur, Vincent décide également de quitter Zannier, mais pas l’Inde.
Cela fait alors trois ans qu’il vit en Inde. « Je me suis senti suffisamment mature pour monter ma propre boite de sourcing ». Des commandes passées par des proches, qui aboutissent à quelques gros contrats, « et cela m’a permis de mettre de l’argent de côté et de monter ma boite ».
Un associé pour commencer
Au départ, Vincent a un associé indien, Jai, qui possède déjà sa propre usine. C’est un grand soutien pour les débuts : premières facturations auprès des premiers clients… Une véritable relation de confiance s’est créée entre eux.
Malheureusement, cela ne suffit pas pour mener à bien l’entreprise et les associés finissent par se séparer.
Il fait alors appel à un charter accountant (CA), pour tous les aspects juridiques et comptables, la personne indispensable pour créer une société en Inde, surtout lorsqu’on est étranger.
Tout reprendre à zéro
Après cette séparation, la boîte n’était pas encore véritablement montée et Vincent a dû tout reprendre tout à zéro…: intervention du CA, commercial, sourcing, contrôle qualité.
Aujourd’hui, les choses vont mieux. Une équipe de 4 personnes est en place et quand l’activité le demande, il peut compter sur un réseau de contrôleurs qualité en free lance. Avec ces équipes, formées en fonction des besoins des entreprises, il se rend dans les usines pour superviser leur travail.
L’atout de Vincent : son réseau
La communication, le commercial, autant de postes vitaux pour une jeune entreprise, mais qui coutent cher. « Aujourd’hui, je suis mon propre commercial. Ce n’est pas forcément efficace, mais cela me permet de démarrer ».
De son côté, Vincent a choisi de s’appuyer sur son réseau. «C’est indispensable pour commencer un business avec peu de moyens ».
A terme, le projet de Vincent est de faire plus de commercial en France. « Il faut rencontrer les gens. Même dans des soirées, ou pour prendre un verre ou un café, il suffit de quelques échanges, d’une sensibilité commune et les choses peuvent démarrer. Ah tiens, ce que tu fais, cela pourrait intéresser quelqu’un que je connais… Ça se fait naturellement et j’ai toujours fonctionné comme ça. Aujourd’hui encore, je m’appuie sur le réseau, via les réseaux sociaux (Linkedin / Instagram / Facebook) pour promouvoir mon entreprise et contacter de nouvelles personnes. »
Pour l’instant, l’objectif est de conserver son réseau, d’entretenir ses clients, les rencontres en live et les quelques salons en France et en Allemagne où il peut se rendre, sans oublier les réseaux d’anciens d’écoles, d’amis, etc.
Ethique et confiance, les atouts de VJ Sourcing
Vincent a plusieurs cordes à son arc : le sourcing, une activité régulière, le suivi de production, la communication client sans oublier le contrôle qualité.
L’un de ses principaux atouts : un très gros réseau de fournisseurs en Inde du sud, construit progressivement au cours de ses expériences passées. Car pour convaincre les clients, il faut connaître les usines, les visiter. Vincent n’hésite pas à mettre en compétition son réseau de fournisseurs. Quelle que soit la demande, « je sais que j’ai quelqu’un pour le réaliser. J’ai un bon réseau de fournisseurs, je ne vais pas me faire rouler et j’ai des prix attractifs car, étant une petite structure, j’ai des commissions raisonnables »
Des fournisseurs de confiance
Petite structure, tarifs attractifs… certes mais pas à n’importe quel prix. Selon Vincent, travaille avec des gens sérieux. « Je choisis mes fournisseurs car je m’entends bien avec eux et j’apprécie leurs méthodes et leur éthique». D’autant plus que, selon Vincent, l’exigence en termes d’éthique se reflète sur la qualité du travail.
Des relations de confiance avec les clients
De plus, étant l’un des rares, voire le seul Français installé à Tiruppur, « c’est un avantage, pour instaurer une relation de confiance avec les clients».
Ses clients, aujourd’hui, sont, principalement des marques françaises de prêt à porter renommées, mais aussi des agences de communication, qui commandent des sacs ou autres goodies, des entreprises pour la production de cadeaux d’entreprise, des entreprises familiales françaises qui on besoin de support en Inde …ce qui conduit Vincent à être en contact régulièrement avec les services marketing, service achat et design création des grosses entreprises. L’un de ses clients lui a même commandé des objets en cuirs pour une chaine d’hôtels suisses.
Une entreprise à dimension humaine
Car il n’y a pas que le business dans la vie. Marqué par l’expérience de Birdy, où Denis et Florence, les dirigeants, ont à cœur d’aider les employés à grandir et à progresser au sein de l’entreprise, Vincent a choisi son modèle. « Lors de mon premier jour chez Birdy, il y avait une fête et j’ai vu le directeur participer à la fête au milieu de ses employés. C’était une image belle et inspirante. »
Et Vincent veut faire la même chose. « Mon moteur, ce n’est pas d’embaucher, virer pour m’enrichir. Je veux être fier de ce que je fais, me dire que j’ai construit de l’emploi, que les gens soient fiers de travailler avec moi et être fier de travailler avec eux ».