L’Inde à moto, une passion devenue business

C’est en Inde qu’Alexandre a découvert sa passion pour le voyage à moto. Après un périple de 2500 km dans le sud du pays sur une Royal Enfield, une moto fabriquée en Inde à l’identique depuis 1949, il décide d’en faire un concept de voyage. C’est ainsi qu’est née l’agence de voyage à moto Vintage Rides.

 

 

chez Vintage Rides à Delhi

chez Vintage Rides à Delhi

Une entreprise facile… au départ

En Inde, 2000 euros de capital suffisent pour monter son entreprise. Au départ, je n’avais qu’un petit budget d’étudiant. En Inde, j’ai fait des traductions pour parvenir à rassembler la première moitié du capital et j’ai commencé avec les moyens du bord. Je suis rentré en France, j’ai fait des petits boulots, j’ai livré des pizzas et j’ai réussi à obtenir une bourse universitaire, ce qui m’a permis de boucler le capital nécessaire.

De retour en Inde, j’ai rencontré Alexandre le Beuan, cofondateur de Shanti Travel et qui développait le même genre de projet. Le voyage à moto est une véritable niche. 75% des motards souhaitent partir avec un voyagiste spécialisé. Nous avons décidé de nous associer, car cela n’avait aucun sens de nous faire concurrence sur un secteur aussi spécifique.

Nos avons revu ensemble le produit, mis au point une stratégie de spécialiste de voyage à moto et nous nous sommes associés en 2007, Shanti Travel a acheté les premières motos et nous avons lancé les premiers voyages. Fin 2007, nous avions une cinquantaine de clients, et nos dépenses étaient couvertes. Aujourd’hui, Vintages Rides a une équipe de 20 personnes.

Notre clientèle est principalement francophone, mais nous nous développons rapidement sur le marché anglophone, vers l’Australie, la Grande Bretagne et aussi les Etats-Unis.

 

 

Et compliquée au quotidien

C’est facile de lancer une boite en Inde, avec un expert comptable. Mais une fois lancée, les choses se compliquent. C’est difficile de remplir toutes les obligations, on n’est jamais sûr d’être en règle.

Il faut gérer énormément de détails au quotidien : facture d’électricité, internet, fonctionnement du bureau, qui, en France ne posent pas de problème. Ça demande beaucoup d’énergie. C’est dur de trouver un bon ingénieur réseau, ici. C’est d’autant plus stressant qu’en même temps, il faut assurer le développement de l’activité

Contrairement à nombre d’activités, dans le tourisme, un entrepreneur étranger n’est pas obligé de s’associer avec un Indien. Ceci dit, on a toujours besoin d’un intermédiaire indien pour aller se colleter avec l’administration, qui savent comment négocier avec les bureaucrate ou autres syndicats en cas de besoin, etc…

 

 Travailler avec des Indiens, c’est comment ?

Il y a des avantages dans notre secteur à travailler avec les Indiens. Ils n’ont pas peur de travailler à la dernière minute. Les mecs peuvent bosser jour et nuit pour remettre en état les motos entre 2 voyages. Ils sont super flexibles et moins regardants sur les détails du contrat papier que si nous étions en France. Ils marchent à la confiance. En revanche, d’après mon expérience, ils ont moins de vision à long terme et prennent moins d’initiatives.

En termes de relationnel, ils sont super sympas avec les étrangers. Dans les rapports professionnels, nous sommes respectés, en tant qu’occidental. En même temps, il y a toujours le risque de se faire arnaquer sur les prix pratiqués.

 

 

Alex Zurcher, Vintage Rides

Alex Zurcher, Vintage Rides

Entreprendre en Inde, une bonne idée ?

Au final, je ne suis pas sûr, aujourd’hui, que ce soit pertinent de créer une entreprise en Inde. Pour plusieurs raisons : lorsque le capital de départ est étranger, la revente d’une entreprise en Inde est très contraignante, même si l’acheteur est indien.

 

Le gouvernement de Narendra Modi a renforcé le contrôle sur les étrangers. Les normes sont plus strictes dans les entreprises de plus de 20 salariés. Le salaire minimum pour les étrangers est beaucoup plus élevé que pour les Indiens (rapport de 1 à 15) et s’y ajoute  24% de charges en plus non plafonnées (elles le sont pour les Indiens). C’est une question à se poser quand on se lance d’ailleurs : s’il ne s’agit que d’un étranger dans une très grande entreprise, cela ne change pas grand chose. En revanche, dans les petites boites de tourisme, si on embauche des étrangers pour accueillir les clients, on augmente automatiquement les tarifs. Le modèle économique risque d’en prendre un coup.

 

Personnellement, si c’était à refaire, je ne crois pas que je choisirai de me lancer en Inde. Je lancerai plutôt une holding en France et j’ouvrirai une filiale en Inde. D’ailleurs, Vintage Rides arrive en France, c’est un signe.

 

 

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